Ma tante DD

A chaque fois, que je pense au Titanic, je me souviens de ma tante, ma grande tante Andrée. Quand enfant, j’allais à Poissy avec ma mère, je me rendais chez sa tante pendant qu’elle allait aider la mienne dans son magasin. La grande tante DD était une personne vive et enjouée. Tout était possible avec elle. Nous allions souvent au cinéma ensemble et en 1973 nous sommes partis voir l’aventure du Poséidon. Une catastrophe maritime dans le genre de celle du Titanic. J’avais 9 ans, et j’avais été très impressionné par ce film. C’est à ce moment là que ma tante me parla du Titanic. Pour elle, c’était son premier vrai souvenir d’enfance, celui qu’elle avait vécu des jours durant et dont tout le monde parlait à son époque. Elle était née 3 mois avant le nouveau siècle, le vingtième siècle. Elle avait donc 12 ans et demi quand cette catastrophe arriva. Pourtant, elle n’avait aucun lien, aucune connaissance à bord. Juste le souvenir des conversations des adultes. C’est ce souvenir qu’elle conserva sa vie durant. Et moi qui me rapprochait peu à peu de cet âge qui l’avait marqué, on aurait dit qu’elle voulait me faire partager ce souvenir, pour qu’il devienne aussi celui qui aurait marqué mon enfance. En fait, aussi loin que je cherche dans mes souvenirs, des films comme « L’aventure du Poséidon », « l’ile sur le toit du monde », « King Kong » étaient autant de films et de liens qui nous ramenaient inexorablement vers le Titanic… Et dans ces souvenirs d’enfance, il y avait aussi cette Bible familiale dans laquelle, il y avait les noms de ses ancêtres, pas beaucoup, mais quatre générations qui s’étaient transmis ce livre, qui lui-même était un grand livre de généalogie. Et voila comment âgé de douze ans, je commençais ma généalogie, pour savoir qui étaient ces personnes sur ces vieilles photos. Titanic et généalogie, 2 passions distinctes, sans liens qui pourtant un jour se rejoindront.

Le temps à passé et je me suis marié avec Dominique qui partage aussi cette passion pour la généalogie et nous avons continué nos recherches. Mon père est breton, ma mère est d’ile de France et du sud-ouest. Dominique, son père est de bourgogne, et sa mère du Nord et rien ne laissait présagé qu’un jour on trouverait un patronyme commun dans un petit village du canton de Vaud ! Le monde est petit, et cela se confirmera encore quand en 2010, nous allons découvrir une lointaine cousine morte sur le Titanic avec quatre de ses enfants… Pourquoi si tard ? Ma grande tante nous avait quitté en 1997, déjà 13 ans ! Et je n’avais pas fait cette découverte à temps pour lui en parler. Mais à chaque fois que je pense au Titanic, je repense à ces longues journées où nous parlions de ce bateau, de son histoire. Et j’aurais tant voulu aller voir le film avec Di-Caprio avec elle.  Mais là aussi ce fut un rendez-vous manqué. Elle ressemblait tant à Rose sur le pont du bateau à la fin du film…

La période de recherches passée de 2010 à 2012, je me replongeais dans d’autres branches, car en généalogie, on ne s’arrête jamais. Et surtout, 2012 marqua le centenaire de la catastrophe, avec une vision nouvelle du film Titanic de James Cameron, avec cette scène tragique : celle de cette femme de 3ème classe qui couche ses enfants en attendant la montée inéluctable des eaux… Est-ce l’histoire de Marie qui l’a inspiré ?

2021 enfin des bonnes nouvelles pour me réconcilier avec cette histoire qui revient toutes les décennies. Une bouteille à la mer qui nous rapproche de Mathilde Lefebvre, et la découverte d’un nouveau lien de cousinage, avec cette fois ci, une survivante : Berthe Leroy.

Cette découverte, dans un premier temps fut lourde de conséquence, en effet, pendant quelques heures plein d’idées folles m’ont traversé l’esprit, heureusement vite balayées par la représentation du lien de cousinage entre Berthe et Marie, la mère de Mathilde. En effet, elles ne se connaissaient certainement pas et ce lien de cousinage était tellement éloignée qu’elle ne pouvait imaginer qu’il existe. Sinon, comment Berthe qui souffrait déjà du syndrome du survivant aurait-elle pu survivre à ce sentiment de culpabilité d’avoir laisser mourir ses petits cousins de 3ème classe.

Alors voila la longue histoire qui me lie aussi au Titanic, grâce a ma grande tante DD.